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Entretien de clôture de projet - SAMARCH

17/07/2023

Samarch Web Pic

Une séance de questions-réponses avec Dylan ROberts chef de projet SAMARCH

Parlez-nous de votre projet

Le projet « SAlmonid MAnagement Round the CHannel » (SAMARCH, gestion des salmonidés dans la Manche) est un consortium de 10 partenaires

Le projet s'est concentré sur la collecte de nouvelles données pour mieux protéger, conserver et orienter la gestion de deux espèces importantes pour la conservation et l'économie dans les eaux côtières et de transition de la zone France Manche Angleterre (FMA) - le saumon atlantique sauvage et la truite de mer. Les deux espèces ont connu un déclin significatif d'environ 70 % au cours des 40 dernières années, en partie à cause du changement climatique qui affecte la croissance et la survie de ces poissons dans les rivières et en mer, mais aussi d'un certain nombre d'impacts anthropiques.

Le projet vise à fournir de nouvelles informations afin de : 

  1. Réduire les prises accessoires de saumon et de truite de mer dans les pêcheries commerciales côtières
  2. Réduire l'impact de l'activité et des aménagements estuariens et côtiers sur le saumon et la truite de mer
  3. Renforcer les modèles d'évaluation des stocks de saumon utilisés par les gestionnaires pour gérer les stocks
  4. Mieux comprendre pourquoi les populations de saumon diminuent

Quels ont été les réalisations et résultats clés de SAMARCH ?

SAMARCH a obtenu de nouvelles preuves sur les mouvements, le comportement, la survie et les raisons de la mortalité des truites de mer et des saumons juvéniles et adultes dans les eaux de transition et côtières de la région FMA. 

L'équipe du projet a construit une base de données génétiques pour les truites et les saumons de toutes les rivières se jetant dans la Manche, a capturé en mer des saumons adultes et des truites de mer et les a ramenés à leur rivière d'origine. Il s'agit d'évaluer les déplacements de ces poissons en mer depuis leurs rivières d'origine. 

Nous avons développé des bases de données pour toutes les informations collectées et des outils basés sur les SIG (systèmes d'information géographique) pour visualiser les résultats des projets. 

Nous avons également examiné des milliers d'échantillons de nageoires et d'écailles de saumons et de truites de mer juvéniles et adultes afin de déterminer les changements à long terme, sur une période d’environ 30 ans, de leur sexe-ratio, de leur taux de croissance, de leur fécondité, de leur survie et de leurs zones d'alimentation marines. Ceci afin de mieux comprendre les mécanismes à l’origine de leur déclin et d'améliorer le cycle de vie et les modèles d'évaluation des stocks dans le but d’améliorer leur gestion. 

Le projet a également permis de formuler des recommandations à l'intention des responsables afin d’améliorer la gestion, la conservation et la protection du saumon et de la truite de mer dans les eaux de transition et côtières de la région FMA. Il a également produit 18 articles scientifiques à ce jour, un grand nombre de rapports et sensibilisé le public à la situation critique du saumon et de la truite de mer.

SAMARCH Pic Number 1

Dr Céline Artero (photo au-dessus) avec une truite de mer marquée recapturée au piège à poissons de la rivière Tamar.

Quelles leçons avez-vous tirées de ce projet ?

SAMARCH a produit une énorme quantité de nouvelles preuves et données pour mieux éclairer la gestion des salmonidés dans la zone FMA et au-delà. Cependant, nous avons identifié un certain nombre de leçons et de lacunes dans les connaissances :

  1. La difficulté d'essayer de protéger et de conserver les espèces menacées à travers la myriade de législations, souvent non complémentaires, qui entourent nos eaux de transition et côtières est extrêmement complexe. C'est un problème particulier pour les poissons euryhalins comme le saumon et la truite de mer qui utilisent à la fois les eaux douces et les eaux marines où la législation est très différente.
  2. Bien qu'ils passent jusqu'à 70 % de leur vie en mer, le saumon et la truite de mer sont trop souvent négligés dans la législation sur la conservation marine. C'est un problème particulier en Angleterre, la France a été bien meilleure dans la prise en compte de ces poissons menacés dans sa législation maritime.
  3. La nécessité de collecter de meilleures informations pour renseigner les gestionnaires sur le risque de prises accessoires d’espèces protégées.

Quels ont été les points forts de la réalisation d'un projet transfrontalier ?

Il y en a eu tellement. Travailler en collaboration avec nos partenaires de projet a été une expérience merveilleuse et nous avons beaucoup appris les uns des autres. Notamment que le saumon et la truite de mer en rivière comme en mer sont gérés et protégés de manières très différentes de part et d'autre de la Manche. SAMARCH a permis aux ONG, aux gestionnaires et aux décideurs politiques des deux côtés de comprendre les différences malgré des défis similaires.

Quelle différence ce projet fera-t-il/quel héritage laissera-t-il ?

Du point de vue de la gestion et des politiques, les informations tirées du projet sont maintenant intégrées dans les nouveaux plans de gestion de la pêche du Royaume-Uni. Elles ont influencé et continueront d'influencer la conception des mesures de protection dans les eaux côtières de l'Angleterre et de la France. Le projet a mis en évidence un certain nombre de lacunes dans les connaissances et de déficiences dans la gestion qui seront prises en compte à l'avenir pour mieux protéger ces poissons dans les eaux de transition et côtières. 

D'un point de vue scientifique, le projet a collecté de nouvelles informations et publié un certain nombre d'articles, qui serviront à orienter la recherche sur ces poissons à l'avenir. De nouvelles bases et de nouveaux outils génétiques et de données ont été développés, et des échantillons ont été collectés qui pourront être utilisés dans de futurs projets de recherche. 

D’un point de vue humain, le projet a travaillé avec plusieurs centaines de jeunes qui ont participé aux travaux sur le terrain, aux travaux en laboratoire, aux travaux scientifiques de haut niveau et à la diffusion des résultats lors d'événements. Ils quittent le projet avec une bien meilleure appréciation de nos rivières, de nos eaux de transition et côtières, ainsi que de la gestion de la faune et de la flore qui s'y trouve.

SAMARCH a opéré de 2017 à 2023. Il disposait d'un budget total de 7,8 millions d'euros (dont 5,4 millions d'euros financés par le FEDER). Il comptait 10 partenaires de projet, dont : le Chef de File Game & Wildlife Conservation Trust (Royaume-Uni), University of Exeter (RU), Bournemouth University (RU), Environment Agency (RU), Salmon and Trout Conservation (RU), l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, I'Institut national d'enseignement supérieur pour I'agriculture, I'alimentation et l'environnement (l'Institut Agro), Bretagne Grands Migrateurs, l’Office Français De La Biodiversité, et Seine-Normandie Migrateurs.